Au moins 17 personnes, dont six enfants, ont péri dans la nuit de jeudi à vendredi dans l'incendie d'un immeuble "vétuste", selon des témoins, occupé par des familles africaines dans le XIIIe arrondissement de Paris.
Selon un bilan provisoire, 17 morts (dont six enfants parmi lesquels un bébé de quelques mois) et 30 blessés, dont deux graves, avaient été recensées peu avant 06h00. A la même heure, l'origine de ce sinistre n'avait pas été déterminée.
Selon la direction de l'Assistance Publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), parmi les 23 blessés admis dans sept établissements, figurent deux blessés graves, un enfant qui a été hospitalisé à Trousseau et un adulte à la Pitié-Salpétrière. Cet incendie est l'un des plus meurtriers à Paris au moins depuis la Libération. 24 personnes, également immigrées, avaient trouvé la mort le 15 avril 2005 dans l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra près des Galeries Lafayette. Le 6 février 1973, 20 morts personnes, dont 16 enfants, avaient été tués dans l'incendie du collège Pailleron.
130 personnes, dont une centaine d'enfants, originaires du Mali, du Sénégal, de la Côte d'Ivoire ou de Gambie, logeaient dans cet immeuble de sept étages des années 20, situé à l'angle du boulevard Vincent-Auriol et de la rue Edmond-Flamand (XIIIe), selon des sources policières. Ces familles avaient été envoyées dans cet immeuble, dont le dernier étage était muré, par des organisations caritatives et était géré par la société privée France Europe Habitat. Selon deux témoignages, cet immeuble était particulièrement vétuste.
"Il y avait des rats et des souris", a assuré un habitant tandis qu'une voisine a assuré que "les escaliers de bois de l'immeuble bougeaient". Mais pour le député-maire PS du XIIIème Serge Blisko cet immeuble "réquisitionné par l'Etat et géré par Emmaüs était ancien mais pas insalubre". L'alerte a été donnée à OOH17 et le plan rouge déclenché à 1h06 par l'état-major de la brigade des sapeurs-pompiers (BSPP). Le feu particulièrement violent a embrasé la cage d'escalier entre le 3e et 6e étage, ravageant ces trois étages et provoquant des scènes de panique, selon des témoins.
Ainsi Mohammed Sissé, arrivé sur les lieux à 1h30, a raconté avoir vu des flammes, notamment entre le 3e et le 5e étage : "Je suis venu pour avoir des nouvelles des mes cousins, un couple et deux enfants qui habitaient au 4ème étage. Nous ne les avons pas vu sortir, nous sommes très inquiets", a-t-il dit. "On voyait beaucoup d'enfants qui appelaient aux fenêtres", a-t-il ajouté. 210 pompiers de 23 casernes ont été mobilisés avec une cinquantaine d'engins, sous l'autorité du colonel Frédéric Sépot. Le feu a été éteint à 2h54.
Au cours d'un point de presse, un officier des sapeurs-pompiers a souligné que l'immeuble connaissait "une très forte densité d'habitation avec une majorité de population malienne. La cage d'escalier a été tout de suite détruite par le feu, c'est pourquoi les gens se sont mis aux fenêtres". La plupart des victimes sont mortes d'asphyxie. Des dizaines de femmes et d'enfants africains, revêtus de couvertures de survie, ont été réconfortés par des membres de la Croix-Rouge et de la Protection civile, dans un café transformé en centre d'accueil.
Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy et le préfet de police Pierre Mutz se sont rendus sur place. La brigade criminelle a été saisie de l'enquête.