Arnold, la politique et le junk food
Le bien aimé et bien populaire acteur/gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger amorce sa campagne électorale (??). Déjà des spots publicitaires sont diffusés pour vanter sa candidature et son dévouement sans borne à la cause californienne. Mais Arnold crée un prédécent.
C'est dans une publicité pas mal banale que Schwarzenegger nous raconte, dans une cafétéria de prolétaires, qu'il compte bien assurer une meilleure gestion des impôts et repartir la Californie à neuf.
Sauf que - c'est la première fois qu'on voit ça en politique - la pub politique de Schwarzenegger comporte ce qu'on appelle du "placement de produit". C'est-à-dire que des compagnies ont payé pour que leurs produits soient stratégiquement visibles dans la pub sans que l'objet en soit le message.
Dans le cas de la pub de notre ami Arnold, c'est Pepsico et Nestlé qui ont donné conjointement près de 280 000$ états-uniens à la campagne d'Arnold pour que figurent dans les pubs leurs produits vedettes.
Ainsi, dans une extraordinaire mise en scène (qui déclasse de loin les films d'Arnold), on le voit dans une cafétéria en train d'expliquer à des citoyens "ordinaires" un iota de son programme politique. Les plans de caméra captent "innocemment" des bouteilles de Pepsi et de l'eau Arrowhead (non disponible au Canada), mais aussi des croustilles Ruffles, Sun Chips, Cheetos* et des boissons SoBe, toutes des propriétés de Pepsico.
C'est une première. Habituellement les compagnies ne veulent pas être associées publiquement à un candidat ou un parti politique et vice-versa. C'est trop risqué de se faire éclabousser, d'un côté comme de l'autre.
"Schwarzenegger a transformé sa fonction en machine promotionnelle. Nous ne pouvons pas concevoir qu'il ne savait pas que Pepsi était partie intégrante des publicités. le Gouverneur devrait retourner cet argent aux compagnies et s'excuser auprès de l'État d'avoir utilisé sa fonction comme porte-parole de ses donateurs", a affirmé Carmen Balber de la Foundation for Taxpayer and Consumer Rights.
Il y a ausi des questions d'éthique politique et commerciale là -dedans et personne ne voudrait voir Paul Martin faire une pub chez Harvey's en train de parler de l'embargo américain contre le boeuf canadien, de Gilles Duceppe déblatérer sur la souveraineté dans la file d'un guichet automatique chez Desjardins ou Jean Charest dire qu'il gère mieux le Québec avec du Prozac (sans dire bien sûr à quoi le Prozac sert!).
Il y a déjà du placement de produit dans le moindre film états-unien minable et dans presque toutes les séries télé québécoises. Il y a déjà entre 12 et 16 minutes pub par heure à la télé et chaque jour, 3000 messages publicitaires imprègnent votre globe oculaire.
Est-ce qu'on peut AU MOINS dans les communications politiques être épargné? Celles-ci réflètent le peu de démocratie qu'il nous reste.
Voir la pub en question (format Quicktime - téléchargez-le au besoin).
*Pendant la relecture de cet article, les gens d'Hystérie se sont précipités vers l'armoire pour terminer le sac de Lays Bar-B-Q.