L'EUROPE FRAPPÉE PAR UNE PANNE DE COURANT GÉANTE - 5/11/2006
Quelque cinq millions de Français ont été privés d'électricité samedi soir, une gigantesque panne qui a affecté toute l'Europe de l'ouest à la suite d'une importante défaillance en Allemagne, faisant passer le continent à deux doigts d'un black out total.
Environ 10% de la population française a donc été plongée dans le noir pendant près d'une heure, selon le Réseau de transport d'électricité français RTE, filiale d'EDF. Ils ont été "progressivement réalimentées entre 22H30 et 23H00", a-t-il ajouté.
La panne a débuté vers 22H00 dans plusieurs arrondissements du centre et de l'est de Paris avant de s'étendre à l'ouest de la capitale. Ils ont lancé un appel à la population demandant à ne pas appeler leur standard.
De nombreux foyers du Rhône, de la Loire, de l'Ain, de la Saône-et-Loire et de l'Isère étaient sans électricité samedi soir. Selon les services de secours, 14 départements aux alentours de Lyon étaient concernés mais ils n'ont pas pu préciser les causes de la coupure. Selon plusieurs habitant, ces coupures ont aussi touché le nord de la France, la Normandie, notamment l'agglomération de Caen ainsi que la Bretagne, dont Rennes. La Bourgogne et la Franche Comté ont aussi été touchées, mais le courant est en train d'être rétabli dans ces zones, selon les pompiers des départements concernés.
"Des coupures similaires ont eu lieu dans tous les pays d'Europe de l'ouest", a ajouté RTE, à cause d'un phénomène de "château de cartes" a ensuite déclaré un membre du directoire de RTE, Pierre Bornard. "Le 5 novembre à 22H13 des incidents particulièrement importants ont affectés le réseau de transport d'électricité allemand", a déclaré RTE, évoquant un "déficit brutal d'énergie électrique", alors que l'Allemagne traverse une période de froid intense.
Un des grands groupe privés de fourniture d'energie en Allemagne, RWE, a confirmé cette information. Selon un de ses porte-parole, c'est la brutale chute de température - le thermomètre est descendu à 0 degrés, voire moins - qui a entraîné "une surchauffe" du réseau allemand. D'après M. Bornard, ce seraient deux lignes à très haute tension (400.000 volts) qui auraient connu des problèmes. En Allemagne, plusieurs centaines de milliers d'habitants de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, notamment dans la région de Cologne (ouest), ont été touchés. En Italie, des pannes d'électricité de grande ampleur ont affecté plusieurs régions d'Italie, a indiqué l'agence italienne Ansa.
"On est passé pas très loin d'un +black out+ européen", a déclaré M. Bornard. La défaillance allemande a provoqué un déséquilibre général de production en Europe. Pour rétablir l'équilibre et afin d'éviter un +black out+ complet, "des systèmes de sécurité automatiques coupent brutalement" une partie de la consommation, "c'est le seul moyen pour éviter un effondrement complet", a-t-il expliqué. "Tout s'est déroulé en quelques secondes", a-t-il ajouté. RTE a précisé que 5.200 Mégawatts sur les 56.000 consommés à cet instant avaient été "immédiatement interrompus".
La sécurité électrique en Europe s'est dégradée depuis plusieurs années à mesure que la consommation augmentait et que les investissements de production d'électricité ne suivaient pas. Régulièrement, pendant les périodes de froid intense ou de grosse chaleur, l'approvisionnement en électricité est menacé dans différents pays européens, forçant les fournisseurs à prendre des mesures exceptionnelles.
Samedi soir, "il y avait suffisamment de capacité de production en Europe", selon M. Bornard, et la France exportait de l'électricité. Mais dans le système européen interconnecté, "tout le monde est solidaire, c'est une seule machine", a-t-il expliqué. En France, "une dizaine de TGV ont été affectés dans le nord et le centre de la France et ont pris entre 30 minutes et une heure de retard", a indiqué un porte-parole de la SNCF. Selon Aéroports de Paris, le trafic aérien n'a pas été affecté.
Les standards téléphoniques des services de secours ont été pris d'assaut au point que les pompiers de Paris ont dû lancer un appel à la population en leur demandant de ne plus les appeler.