Il était une fois dans un pays pas si lointain, il n'y a pas si longtemps, l'histoire d'une poignée d'hommes, à l'abris des balles et des bombes qui décidaient ou celles-ci s'écrasaient. Les églises, les mosquées, les marchés aussi, tout y passait !
C'est dans ce contexte si particulier de jeu d'échec à taille réelle que s'inscrit la tragédie de Srebrenica.
Au milieu des luttes ethniques entre les factions serbes, musulmanes et mère croates apparut donc la notion de "zone de sécurité". Le lieu de notre tragédie est donc fixé : c'est l'une de ces zones, crées par l'ONU où les combattants serbes de la Vojska Republike Srpske et musulmans et croates de la Federacija Bosne i Hercegovine n'étaient normalement pas les bienvenues.
Dans l'ambiance de haine reignant alors dans ce beau petit pays faisant autrefois partie de la Yougoslavie, deux hommes, Radovan et Ratko, tous deux serbes décidèrent par un beau jour de Juillet 1995 de nettoyer Srebrenica et ses environs de tout élément "non serbe" jurant un peu avec les trois couleurs dominantes de leur drapeau.
La couleur qui régnait alors en effet sur le village était le vert, celui de l'Islam, ce qui déplaisait fortement à nos deux compères. Ratko alors à la tète de la VRS, sous les ordres du "président" de la Republik Srpska, son ami Radovan décidèrent tous deux de s'en prendre à la "zone protégée" défendue par un contingent Hollandais dont la puissance de feu n'égalait en rien le ridicule de leurs règles d'engagement.
Le résultat on le connait : entre 8 et 10 000 morts, hommes, jeunes ou moins jeunes, habitants de la localité et ses environs immédiats, assassinés, massacrés car leur seul crime était la différence de culte et de moeurs, de culture. Les femmes et les enfants s'enfuirent de l'enclave tout en jonchant le chemin de leur calvaire de milliers d'autres cadavres sous la pression des éléments paramilitaires de la VRS qui, comme une meute de loups, traquaient des proies potentielles pour apaiser leur soif de sang, de "pureté" éthnique et parfois de vengeance. Cet "incident" tacha aussi le bleu de l'étoffe du drapeau de l'ONU qui s'est révélée incapable de faire face aux coups de ses adversaires en partie à cause de l'inaptitude de ses bureaucrates au commandement d'une opération militaire sur le terrain et l'indécision générale régnant dans les états majors de la FORPRONU.
Le martyr de Srebrenica ne doit cependant pas faire oublier le sort similaire d'autres villes, d'autres êtres humains et ce chez tous les participants de ce cirque sanglant des balkans. Le nettoyage ethnique est en effet une réalité difficile à cacher aussi bien chez les Serbes que chez les Musulmans et Croates. La faune locale était à l'époque riche en animaux, fauves, bètes sauvages de tous ordres tels que les Tigres d'Arkan, les Cignognes Noires, tous responsables d'atrocités dans les deux camps.
Les responsables du massacre de Srebrenica font l'objet d'un mandat d'arrèt émis par le tribunal pénal international de La Haye. Ils sont à ce jour encore en fuite malgrès les tentatives nombreuses et répétées de la part du contingent de l'OTAN à laquelle l'ONU a cédé sa place. Ces tentatives malheureuses sont aussi bien des coups d'épée dans l'eau pour tenter de capturer ces deux criminels de guerre que des démonstrations de force pour calmer les esprits encore en proie à la haine.
Les cas de Radovan Karadzic et Ratko Mladic ne sont malheureusement pas rares et parmi les criminels contre l'humanité ayant sévi dans la région, encore en fuite, on peut penser à Ante Gotovina, militaire Croate et j'en passe d'autres Hadzic, Dordevic, Lukic et Dordevic.
Les balkans sont toujours un lieu de lutte et le 10eme anniversaire du massacre de Srebrenica est l'occasion d'une récupération idéologique et politique par l'une des ex-parties de la guerre en Bosnie Herzegovine. Il est du devoir des nations européènes d'assurer la stabilité de la poudrière qui se trouve à nos portes qu'est l'ex-yougoslavie.
image/texte : unregardmoderne.com