Le bikini, fringant sexagénaire Par Dominique SCHROEDER PARIS (AFP) - Soixante ans et toujours fringant : le bikini, né en 1946, a perdu au fil des ans son parfum de scandale mais gardé tout son pouvoir de séduction, au point d'être devenu un élément incontournable du vestiaire féminin.
Considéré par certains comme le vêtement le plus révolutionnaire depuis la feuille de vigne, le bikini est "le plus simple des maillots de bain et le plus minimaliste", souligne Olivier Saillard, auteur d'un livre sur l'histoire des maillots de bain. "C'est quatre triangles qui composent un maillot de bain avec des ficelles et le tout doit passer au creux d'une alliance".
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L'invention est due au Français Louis Réard qui entreprend au lendemain de deuxième guerre mondiale de créer un maillot "plus petit que le plus petit des maillots du monde".
Le 5 juillet 1946, il présente à la piscine Molitor, à Paris, ce nouveau costume de bain, baptisé "bikini", en référence à un essai nucléaire américain réalisé cinq jours auparavant sur l'atoll de Bikini, dans le Pacifique. "C'est une danseuse du Lido qui a accepté de le présenter", rappelle M. Saillard, par ailleurs chargé de la programmation au Musée de la mode et du textile. Aucun mannequin n'avait accepté "parce que c'était scandaleux, un maillot de bain aussi petit".
"Les maillots de bain deux-pièces existaient déjà dans les années 30" mais "ce qui n'existait pas, c'est un deux-pièces aussi fin et aussi maigre. On n'était jamais allé aussi bas sur le ventre, aussi finement sur les hanches", ajoute-t-il.
Pendant de longues années, le bikini, condamné par le Vatican, fait scandale. "Des pays l'ont interdit et même des régions de France, des maires se sont beaucoup ligués contre le port du bikini avant qu'il ne s'impose par la force des femmes et non pas par la force de la mode", rappelle M. Saillard. Son succès accompagne l'évolution du statut des femmes. "L'émancipation du maillot de bain est toujours liée à l'émancipation de la femme", souligne M. Saillard.
Le bikini est "scandaleux" et dicte "un nouveau corps pour la femme, de plus en plus plus mince". Il "transforme la femme en objet de séduction, en objet de désir tel que la pin-up le véhicule" mais "elle est par ailleurs aussi cette femme qui est de plus en plus autonome et maître d'elle-même".
A la fin des années 50, le cinéma contribue au succès du bikini. Brigitte Bardot, Ursula Andress ou Raquel Welch, à peine vêtues de ces 70 cm de tissu, affolent les sens. "Itsy Bitsy, petit bikini", grésillent les transistors sur les plages qui se démocratisent. Le bikini entre dans les moeurs.
Une nouvelle étape est franchie dans les années 70. Les femmes jettent alors leur soutien-gorge aux orties et, sur les plages, enlèvent le haut pour mieux célébrer la liberté des corps et adorer le
. Le "monokini" est né.
Le bikini, lui, ne cessera d'évoluer. Un bandeau barre parfois la poitrine, remplaçant les traditionnels petits triangles, la culotte se réduit à un string. Ou au contraire s'agrandit. Depuis les années 90, on se méfie davantage du
et "bronzer idiot" est passé de mode. "On est dans une pratique beaucoup plus couvrante", reconnaît M. Saillard. "Aujourd'hui, plus on est pâle, plus on est chic".
Les matières changent, elles aussi, avec l'apparition de tissus nouveaux, intégrant des fibres élastiques. Signe de sa banalisation, pour la première fois, en décembre dernier, les finalistes de l'élection Miss France 2006 ont défilé en bikini.