Voici un résumé de la soirée.
http://www.dhnet.be/dhsports/article.phtml?id=163743
- un autre article sur les Saive
C'est donc un pan important de l'histoire du sport belge qui, ce soir, va s'abattre dans la salle omnisports de Loncin. Un pan à la chute duquel n'assisteront que les véritables spécialistes, ceux à qui il n'a jamais fallu préciser que les frères Saive étaient des experts en matière de tennis de table et non pas de simples joueurs de... ping-pong !
Aujourd'hui, parce que l'équipe nationale est un peu rentrée dans le rang et que Jean-Michel Saive ne fait plus, au quotidien, le siège de la première place mondiale, on a un peu tendance à oublier qu'il y a à peine dix ans de cela, la Belgique avait été atteinte de plein fouet par une Saivemania dont nul, à l'époque, n'aurait pu préciser les limites ni l'impact. Plus qu'avoir hérité de longues semaines du titre de joueur numéro 1 mondial, plus que ses titres européens à titre individuel ou collectif, plus que ses sacres au Top 12, le plus grand fait de gloire de Jean-Michel Saive, à nos yeux, est d'être parvenu à faire admettre à des millions de personnes, dans son pays, qu'il était un champion de tennis de table et pas de... ping-pong.
La fièvre pongiste, en ce temps-là, n'épargnait personne. Même les audiences télévisées enregistraient des pics d'écoute lorsque Jean-Mi passait à table, et ce, peu importe l'heure. Il est vrai que sa légendaire rage de vaincre servait de modèle pour beaucoup, un peu comme une génération entière s'est repue de l'appétit de succès qui habitait un Eddy Merckx dès qu'il enfourchait son vélo. Alors, quand des modèles aussi forts font la une de l'actualité, qu'importe le milieu social, l'âge ou le sexe, chacun puise dans ces monstres sacrés la part à laquelle il voudrait tant s'identifier. Malgré cette gloire conquise à la force d'un poignet qui n'a jamais tremblé, Jean-Michel Saive a su rester modeste, abordable, patriotique et en fait toujours en relation étroite avec ses supporters d'un jour ou de toujours.
Des supporters auxquels s'identifie d'ailleurs son frère Philippe. Malin assez pour avoir toujours gardé le sillage de son aîné sans jamais chercher à s'en éloigner. Plus qu'un rival, il a donc eu l'intelligence de se faire le complice de son frère pour que son prénom brille, lui aussi, de mille éclats lorsque l'équipe belge, parce qu'elle était soudée, s'en allait, un peu partout dans le monde, cueillir des succès que toutes les autres grandes nations pongistes leur enviaient. Ce soir, on joue la dernière représentation d'une pièce dont la réussite ne s'est jamais démentie en dix ans. Bientôt, le sport belge sera orphelin d'une paire qui, plus que probablement, ne sera plus jamais égalée. Mais on devra sans doute attendre dix ans pour prendre conscience de la véritable portée de ce mot fin qui sera écrit à Loncin dans une ambiance qui, on vous l'assure, n'aura rien de celle préconisée pour un... enterrement !
PAR PHILIPPE LACOURT
© La Dernière Heure 2007