La torture en voie de légalisation, selon le voeu de Bush
États-Unis . Mis en difficulté par la Cour suprême pour non-respect de la Convention de Genève, le président Bush a obtenu de la majorité républicaine la possibilité de l’interpréter à son gré.
George Bush a obtenu le feu vert des sénateurs républicains - majoritaires - qui va permettre la poursuite de la torture dans les prisons de la CIA, un accord qui évite que la polémique vienne polluer la campagne électorale.
Le compromis trouvé jeudi dernier réaffirme formellement le respect du troisième article de la convention de Genève, mais il en confie l’interprétation à George Bush. La voie est ouverte à ce que le président appelle les « méthodes alternatives » d’interrogatoire. Sans autres précisions. Les aveux obtenus précédemment par la torture continueront à être pris en compte par des tribunaux militaires exceptionnels et les débats resteront secrets pour ne pas donner des informations à l’ennemi. Les détenus ne pourront récuser les tribunaux militaires.
Les bourreaux NE SERONT pas POURSUIVISLes bourreaux de la CIA ne pourront être poursuivis. Une précision nécessaire au moment où l’on apprend qu’un certain nombre d’entre eux ont fait savoir qu’ils refusaient de continuer à appliquer la question aux prisonniers et qu’ils prenaient des assurances privées pour le cas ou ils auraient affaire à des tribunaux.
Commentaire du Washington Post sur ce compromis : « Les abus peuvent continuer... Si la (nouvelle) législation passe dans la forme prévue, M. Bush entrera dans l’histoire pour son appui donné à la torture et l’énorme dommage que cela a causé. » La torture serait légalisée.
Depuis deux ans, le choc des photographies des prisonniers humiliés à Abou Ghraib ne laissait plus aucun doute sur la réalité des tortures pratiquées. Une pratique généralisée en Afghanistan, sur la base de Bagram, au camp de Guantanamo et dans des prisons secrètes, les « sites noirs », où la CIA pouvait briser les prisonniers dans des pays où cette pratique est banale ou dans des pays européens qui acceptaient de dissimuler les spécialistes de la CIA. Ce qui n’excluait pas la coopération ave un « état voyou » comme la Syrie, où le gouvernement canadien vient de révéler qu’un de ses citoyens avait été enlevé et torturé.
« Supermenteur », contre l’écrasante évidence, persistait et signait, répondant à chaque fois qu’il était interrogé : « Nous ne torturons pas... » Un juriste lui avait fourni une base légale, consignée dans un mémo rendu public le 7 juin 2004 par le Washington Post, pour justifier la torture. Il est aujourd’hui secrétaire d’État à la justice.
Vive l'Amérique - vive Bush